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SULFUREUSE MONTRÉAL

1920-1960 L'ouverture de Montréal aux vices

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INTRODUCTION

Peu d’entre nous prennent réellement le temps d’admirer les vestiges historiques qui forgent nos villes. L’héritage permanent de nos cultures qui forment le patrimoine de nos pays. C’est précisément dans ce but et suite à l’anecdote passionnante d’une soirée de travail, que j’ai choisi de me plonger dans l’histoire de l’un des quartiers les plus sulfureux du Québec: le Red Light. En octobre 2017, j’ai eu l’opportunité de travailler comme bénévole pour le festival de l’Off Jazz à Montréal. L’une des représentations avait lieu au célèbre Lion d’Or, sur Ontario. Je découvris alors une salle, qui, malgré sa récente rénovation, conservait une âme d’époque. De lourds rideaux rouges encadraient la scène. La salle, intimement éclairée, donnait à l’endroit une ambiance envoûtante, que renforçaient les bougies posées sur chacune des tables. Je fus instantanément plongée dans les années 1930, et avais l’impression d’assister à une représentation digne des grands cabarets d’époque. J’en profitais pour discuter avec le responsable du bar qui se fit un plaisir de m’expliquer l’histoire de cet endroit d'anthologie. Pour la première fois, je pris connaissance de l’existence du Red Light de Montréal. Il m’expliqua la démesure, les paillettes, le spectacle permanent de ce quartier unique. Les danseuses, le Jazz mais aussi la mafia qui semblait y jouer un rôle non négligeable. Il me décrit les souterrains du Lion d’or, où se jouaient d’intenses parties de poker, les passages secrets permettant aux criminels de l’époque de fuir. Les murs criblés de balles, témoignant de fréquentes descentes de police… Quelle époque! J’ai été instantanément séduite et voulais en savoir davantage. C’est cette soirée qui me donna le déclic de mon projet d’intégration. Je voulais profiter des notions étudiées en histoire des médias pour, à mon tour, m’approprier ce fameux quartier. Pour rendre ce projet accessible et ludique, je choisis de le rédiger sous forme d’un abécédaire. Ainsi, Sulfureuse Montréal permet à qui le souhaite de replonger dans cette vibrante période, qui a permis à Montréal de se hisser au rang de capitale culturelle mondiale. J'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire que j’en ai eu à l’écrire !  

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A COMME... ALCOOL

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L’histoire du Red Light est indissociable de celle de la prohibition nord-américaine. Les années 20 seront marquées par deux lois fondamentales qui interdiront au Canada et aux États-Unis la fabrication, l’importation, la vente et la consommation de toute forme d’alcool sur leur territoire. De son côté, le Québec a toujours eu un rapport controversé avec la boisson, cette province fut longtemps partisane de la tempérance. Fixée par la loi Scott en 1878, la tempérance désigne le pouvoir locale de toute municipalité, d’interdire ou non la vente d’alcool par voie majoritaire. La loi pour la prohibition entrera néanmoins en vigueur le 1er janvier 1919. Elle sera contrée dès le mois d’avril par le référendum québécois sur la prohibition de l'alcool, qui légalisera la vente de bières, de cidres et de vins légers au sein de la province du Québec. À peine 2 ans plus tard, la prohibition prend fin pour laisser à nouveau place à la tempérance, sous couvert de l’étatisation des boissons alcoolisées. Cela se matérialisera par la mise en place de la Commission des liqueurs, qui deviendra plus tard la Société des Alcools québécois (S.A.Q). La culture de l’alcool permet alors la transmission d’une coutume, celle d’une consommation autorisée au grand public, mais contrôlée par l’état. Le Québec sera désormais la seule province nord-américaine à ne pas exercer les règles d’abstinence totale d’alcool, ce qui vous l’aurez compris, n’est pas le cas des États-Unis, et encore moins de New York. Les mesures anti-alcool ont un impact direct sur le night life new-yorkais si célèbre à l’époque. De 1919 à 1933, les cabarets sont désertés et les artistes au chômage. La tempérance québécoise s’avérera être un véritable argument pour tout artiste et autres amateurs de plaisirs illicites. La carrière de nombreux artistes s’établira dans les boîtes de jazz florissantes de la ville, Montréal la tempérée deviendra un havre pour qui souhaite s’amuser, et exercer son art.

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B COMME... BOULEVARD SAINT-LAURENT

Affectueusement renommé “La Main” (de l’anglais main street) par les Montréalais, le Boulevard-Saint Laurent est un lieu phare du patrimoine québécois. Deux choses marqueront le caractère particulier de cette célèbre artère. D’abord l’immigration de masse, qui définira la dimension multiculturelle de la ville. Ensuite l’établissement d’une vie artistique et de divertissements, avec notamment les premiers cinémas et cabarets de jazz. Le XIXe siècle est marqué par la campagne d’immigration du gouvernement Laurier : dès 1896, une vague d’immigrés issus d’Europe arrive au Canada. Si la bourgeoisie francophone s’installe au nord-est de Montréal, la bourgeoisie anglophone préfère le nord-ouest, et les ouvriers le sud-ouest. Il ne reste pour les nouveaux immigrés que le corridor central : le Boulevard Saint-Laurent. Celui-ci connait alors l’installation de nombreux groupes ethnoculturels qui laisseront leur empreinte et en modifieront activement l’allure. C’est ce statut de « porte d'entrée pour les immigrants au Canada » qui lui vaudra en 1996, la reconnaissance officielle de Lieu Historique National. À cette vague d’immigration s’ajoute un second mouvement encouragé par la prohibition nord-américaine. Théâtre d’une industrialisation sans pareil, le Boulevard Saint-Laurent accueillera diverses innovations culturelles qui attireront de nombreuses célébrités canadiennes, américaines et françaises. Ceux qui racontent le boulevard Saint-Laurent au temps des années folles disent qu’il avait coutume d’attirer les “mauvais garçons” de la région. Ils décrivent des foules bercées d’ivresse, papillonnant de caves en cabarets et se laissant convaincre par toute forme d’illégalité. Du jeu à l’opium, de l’alcool au crime en passant par les bordels, ces plaisirs aussi illicites qu’irrésistibles donneront leur nom à un quartier hors du temps : le Red Light.

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“Ce n’est pas nécessairement une belle rue, mais c’est une rue pleine de Montréalités!”

Lucie Lafontaine, Architecte.

(The Last dance on the Main, 2014)

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C COMME... COMITÉ DES 16

L’attractivité de Montréal va de pair avec une vague de criminalité sans précédent. Inspiré des États-Unis à l’époque de Roosevelt, le mouvement progressiste se développe en opposition aux dérives de la Révolution Industrielle, et des groupes de pression sociaux se mettent en place pour lutter contre une moralité douteuse. De cette initiative populaire naîtra le Comité des 16. De 1917 à 1925, il établira de nombreux rapports visant à dénoncer les esclandres de la pègre tels que l’exploitation, le mauvais traitement et les problèmes d’hygiène que caractérisaient les bordels. Leur principale motivation était de mettre un terme à l’exploitation du « vice commercialisé » (qui sous-entend un tiers parti). Mais il cherche aussi à prévenir l’opinion publique des dangers liés aux maladies vénériennes. Ce rassemblement citoyen, en réaction à la culture du crime dans le Red Light, a permis la mise en lumière de la corruption et la condamnation des figures d’autorités policières de l’époque. En s'intéressant de près aux problèmes liés à la prostitution, le Comité soupçonne l’existence d’une connivence des forces policières. La corruption des élus montréalais avait déjà été évoquée au cours de l’enquête Cannon (1892-1914), quelques années auparavant. À cela s’ajoute l’attentat du tunnel Ontario (1924), dont l’attaque d’un camion blindé de la Banque d’Hochelaga se révèle être orchestrée par un policier de la ville, Louis Morel. Ce scandale engendrera une enquête orchestrée par le juge Louis Coderre, et couronne les efforts du Comité des 16. L’enquête Coderre se concentre sur les dérives du service de police tandis que la prostitution est étudiée dans ses liens avec les forces de l'ordre. Le rapport du juge est sans équivoque, il blâme le passage sous silence et le profit tiré de la prostitution en dénonçant la part de responsabilité du comité exécutif. Les policiers non fiables sont congédiés, le plus célèbre est le chef Pierre Bélanger. En effet, si de nombreux agents de police étaient désignés pour réprimer les bordels, plusieurs d’entre eux en étaient en fait les protecteurs, sous couvert d’importantes compensations financières.

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D COMME... DRAPEAU (JEAN) (1916-1999)

Le Red Light de Montréal semblait scinder la ville en deux groupes définis. D’un côté les férus de toute forme d’amusement. De l’autre les progressistes, écœurés de voir leur ville prise d’assaut par le crime et leurs élus corrompus par la mafia. “Wide open city”, où tout un chacun pouvait s’abandonner aux méandres d’une vie nocturne agitée, Montréal comptait son lot de quartiers malfamés et dangereux, où la pègre dictait ses lois. Les années 1950 marquent le début des mouvements sociaux en faveur d’une moralité retrouvée dans les rues de Montréal. Alors que l’enquête Caron met en lumière une corruption redoutable au cœur de la police, deux hommes seront projetés au-devant de la scène : l’ancien chef de l’escouade des mœurs Pacifique Plante, et l’avocat Jean Drapeau. Le rôle de Jean Drapeau dans la construction culturelle de la ville de Montréal commence dès les années 1950, lorsqu’il milite pour une ville nettoyée du vice et pour la fin du Red Light.  Élu maire pour la première fois en 1957, puis réélu en 1960, Jean Drapeau symbolise la volonté d’un ordre retrouvé au sein de Montréal. Convaincu du potentiel culturel de la ville, il est à l’origine de sa transformation dans les années 1960, et de la place qu’elle occupe sur la scène internationale. Il effectue un grand ménage dans les rues du Red Light. Après s’être battu contre la corruption, il déclarera la guerre à cette vie nocturne illégale en ordonnant la démolition du Roxy et du Bijou, deux cabarets symboliques du quartier.  C’est lui qui a donné à Montréal le visage que nous lui connaissons aujourd’hui. Sa volonté légendaire et une certaine opiniâtreté envers des projets d’envergure vaudront à Montréal l’Expo 67, les jeux Olympiques de 1976, l’arrivée du métro en 1966, mais aussi la place des arts en 1963.

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E COMME... ESCOUADE DES MOEURS

Malgré les efforts du comité des 16 et du juge Coderre, les années 1940 marquent l’âge d’or de la corruption policière. L’industrie du vice et du commerce illicite lancés à plein régime ne flanchent pas face aux efforts de la police, que dirige à l’époque Fernand Dufresne. Pacifique (Pax) Plante est alors désigné à la tête de l’escouade des mœurs, groupe de policiers chargé de lutter contre le vice organisé. En 1946 commence une intense campagne de nettoyage de la ville. Plante découvre alors les “six règles de la protection”, qui se définissaient comme telles : 1) les maisons de jeu et de prostitution sont prévenues avant chaque descente. 2) Jamais un tenancier ne sera arrêté par la police. 3) Aucune saisie de matériel. 4) Aucune accusation. 5) Les propriétaires des maisons louées ne sont pas contactés. 6) Les lieux de débauche ne sont pas fermés. Cette grande pièce de théâtre amenait policiers et tenanciers à prétendre à de fausses perquisitions de manière à ne jamais démanteler les infrastructures, en échange de sommes substantielles conséquentes. Cette corruption omniprésente sera l’origine d’une puissante volonté de changement moral, orchestrée par Pax Plante et Jean Drapeau. De 1946 à 1948, perquisitions et mandats d’arrestation reprirent à Montréal. Une rigueur couronnée par l'arrestation d’Harry Ship, roi de la pègre et des maisons de jeu. Malgré son efficacité, Pax Plante fut démis de ses fonctions par Albert Langlois. Convaincu de lever le voile sur les trop nombreuses affaires de corruptions, Plante n’en restera pas là. En collaborant avec le journal Le Devoir, il publiera une chronique : « Montréal sous le règne de la pègre ». Celle-ci dénonce les travers des autorités policières et interpelle Pierre Desmarais, alors président du conseil exécutif de l’hôtel de ville. Il joindra le comité de moralité publique que dirigent alors Pax Plante et Jean Drapeau et qui se démènera pour se faire entendre auprès des tribunaux. En 1950 l’enquête sur la moralité publique est ouverte. Elle sera menée par le juge François Caron, Plante et Drapeau. Le but de cette enquête sera de mettre en lumière les déboires administratifs et d’évaluer le la qualité des interventions policières dans les années 1940. Le jugement est rendu un an et demi plus tard, le 8 octobre 1954, révélant la culpabilité d’une vingtaine de policiers, une liste sur laquelle apparaissent, entre autres, les noms de Fernand Dufresne et Albert Langlois...

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F COMME... FAISAN DORÉ

Au 1417 boulevard Saint-Laurent, 14 ans après la fermeture de l’incontournable Cabaret Frolics, le Faisan Doré marquera l’art de la scène québécois. Au deuxième étage du croisement Saint-Laurent et Sainte-Catherine, ce cabaret connaîtra un succès aussi rapide qu’incontestable de 1947 à 1950. Avec l’immigration des artistes américains vers Montréal, la culture de la nuit était influencée par le night life new-yorkais. La majorité des performances artistiques étaient, de ce fait, données en anglais. À l’époque, Montréal avait la vocation de renouer avec la France. La Seconde Guerre mondiale avait creusé le retard de la ville quant au succès de la musique française et à la culture bohème florissante des rues parisiennes (forme d’expression des petites classes refusant l’aristocratie, les bohémiens vivent au jour le jour et recherchent un idéal bercé d'absinthe et d’opium.) Au Faisan doré on présentait et on performait en français ! Jacques Normand, son animateur, devint l’âme des nuits de Montréal et fut à l’origine de la venue de nombreux artistes français tels que Charles Aznavour, Pierre Roche ou Charles Trenet. Le Faisan Doré était un lieu chaleureux, la grande piste de danse était souvent prise d’assaut par les spectateurs entre deux représentations. Très vite, les 600 places de la salle furent comblées quotidiennement, tant l’ambiance était conviviale et le public impliqué aux shows. Sous l’impulsion de Jacques Normand, une nouvelle génération d’artistes franco-québécois se verra naître, ainsi Fernand Gignac, Denise Filiatrault ou encore Estelle Carron connaitront leurs premières heures de gloire sur les planches du Faisan Doré. Ces trois intenses années d’activité donneront l’impulsion à d’autres lieux mythiques tels que le Casa Loma ou le Cabaret Montmartre, qui remplacera le Faisan Doré après sa fermeture en 1951. Il sera accusé de corruption du fait des liens entre ses propriétaires et la pègre montréalaise, dont le parrain de la Mafia de l’époque, Vic Cotroni. Aujourd’hui les cabarets ont laissé place au Kingdom, bar à striptease à l’ambiance légèrement plus...désinvolte.

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G COMME... GUINAN (TEXAS) (1884-1933)

Il serait impensable de parler du Red Light sans citer Texas Guinan. Née Mary Louise Cecilia Guinan, cette jeune féministe, chanteuse et danseuse incontournable des années folles, tient son nom de son état de naissance, Texas, États-Unis. Américaine née de parents québécois (de Sherbrooke plus précisément), célèbre tenancière et artiste de cabarets new-yorkais, c’est sa performance lors de l’inauguration du Cabaret Frolics en 1930, qui propulsera le night life montréalais. Elle débarque à Montréal à la fin des années 1920, laissant derrière elles bars et autres speakeasys de New York bridés par la prohibition.  Texas restera intimement liée au cabaret Frolics, où elle donnera de nombreuses représentations très populaires, ce qui lui vaudra le surnom de “Queen of the Main”. Son goût pour la ville motivera de nombreux artistes américains à la suivre au Québec, ce qui confirmera l’engouement autour de Montréal au début des années 1930. Célèbre pour son dicton : “Hello Suckers !” (“Salut les nazes !”), Texas Guinan était une jeune femme charismatique et complètement déjantée qui animait les foules avec humour et provocation. Le Frolics sera le dernier club dans lequel elle jouera avant de mourir à Vancouver en 1933, date qui marquera également la fin de la prohibition américaine. Le Frolics souffrira de ces deux événements et fermera ses portes la même année. C’est le Faisan Doré, 14 ans plus tard, qui reprendra ses murs.

Texas Guinan
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H COMME...HABILLEMENT

Difficile d’aborder les années folles sans parler du style vestimentaire qui lui est associé. Si le Jazz et les Music-Halls émergent d’Amérique du Nord, la mode vient surtout d’Europe, et d’un Paris qui reprend vie au lendemain de la Première Grande Guerre. Les années folles riment avec joie, plaisir et frénésie retrouvés. Le vent de la libération souffle et influence grandement la mode féminine. Les lignes vestimentaires traduisent l’insouciance et l’affranchissement des femmes qui s’imposent en société, après avoir tenu seules leur foyer durant la guerre. Fini les conventions sociales, la femme indépendante est désormais une flapper, jeune débutante et délurée qui fume en public, boit et conduit vite. Au placard les corsets, les femmes n’ont plus besoin d’aide pour s’habiller, et encore moins d’un instrument de torture qui coupe le souffle et la taille. Libre de ses mouvements, la femme indépendante ne jure plus que par le confort et la praticité, les robes sont taille basse et suivent ses mouvements. La silhouette “planche” est à la mode, androgyne, elle ne souligne aucune ligne de féminité. Les femmes portent des chapeaux cloche, qui ne cachent plus leur visage et piochent dans l’armoire de leur époux chemises et pantalons. Le style “garçonne” s’impose, les jupes et les cheveux raccourcissent, on emprunte tout à l’homme, jusqu’au smoking ! La minceur comme signe d’élégance fait son arrivée sur la scène vestimentaire, et l’on découvre doucement les épaules, le dos, et les jambes. La femme des années 1920 vit la nuit, elle se pare de plumes, de paillettes et de perles. Chaussures à talons certes, mais d’une taille raisonnable car elle danse toute la nuit, et rentre accompagnée. Comme les mœurs de l’époque, les femmes s’adonnent à toutes formes de plaisirs, la lingerie est synonyme d’érotisme, culottes et soutien-gorge sont désormais affriolants.

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I COMME...IDA KATZ

Au coeur du Red Light, le pouvoir de la prostitution est paradoxalement exercé par des femmes. Véritables personnages pittoresques, les tenancières de bordel font le jour et la nuit dans les rues de Montréal. Les plus puissantes d’entre elles dominent la scène, elles répondaient aux noms d’Ida Katz, César Mona, Lucie Delicato, Angelo Bisanti et Emile Beauchamps. Self-made-women et femmes d’affaires assurées, ces jeunes criminelles n'hésitaient pas à payer 10 à 15 fois les loyers de leur maison, allant jusqu’à payer ceux de leurs voisins, pour garder leur silence. Ida Katz, également connue sous le nom de Lilianne la Juive, tenait des maisons assez médiocres sur la rue Clark. Situées au sud de la rue Sainte-Catherine, ses bordels voisinaient le théâtre le Gayety, ou performait Lili-St-Cyr, et qui deviendra plus tard, le Théâtre du Nouveau Monde. Pour ce qui est de César Mona (nom emprunté à son mari), c’est son luxueux bordel de la rue de la Montagne, ainsi que ceux du Red Light, rue Saint-Elisabeth et rue Dumarais, qui la rendront riche et célèbre. C’est Émile Beauchamps, née Anna Labelle, qui détient à l’époque le monopole. Grande figure de l’époque, elle règne sur le Red Light d’une main de fer, maniant agilement commerce et corruption. Plus d’une centaine de filles travaillent pour elle, en échange de sa sécurité. Sa maison du 219 rue Sherbrooke était en effet, bien connue des policiers, qui venaient régulièrement y programmer les descentes hebdomadaires. Si l’une de ses filles se voyait emprisonner, il était coutumier pour madame Beauchamps de régulariser elle-même la situation. Connue pour sa Cadillac conduite par un chauffeur, elle se rendait seule au Palais de Justice pour cautionner ses filles, et repartait sans l’ombre d’une altercation. Richissimes, ces femmes recevaient la moitié des salaires de leurs “filles”, dont on leur octroyait jusqu’à l’appartenance : ‘Celle ci c’est une Isa (Katz)”, cela donnait une information sur leur niveau de classe.

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J COMME... JAZZ

De l’immigration noire venue d’Harlem au mythique festival, Montréal et le jazz ont un passé intimement lié. Les notes vibrantes de ce style de musique singulier sont apparues dans les rues de la ville aux alentours de 1920. Indissociable de l’immigration noire qui apporte avec elle une culture musicale issue de la Nouvelle-Orléans, le jazz trouvera sa place aussi bien dans les clubs huppés de la ville, que dans les caves clandestines bouillonnantes des bas quartiers. Le succès de cette musique tient de plusieurs éléments contextuels qui contribueront à faire de Montréal une terre musicalement fertile. Le jazz était étroitement lié à deux éléments majeurs : la danse et l’alcool. La prohibition américaine joue en faveur de Montréal, tout comme la venue de militaires en quête de plaisirs. L’entre-deux-guerres marque l’âge d’or d’un jazz à valeur d’exutoire : “Les jeunes voyaient là un moyen de s’évader des privations du monde dont ils héritaient” (Gilmore, 2009, Lux éditeur), une fièvre qui poussera les gens à danser pour oublier la terreur du front. En effet, le rôle du jazz en société était de faire danser les professionnelles tout comme les amateurs. Comme tout nouveau style musical, le jazz ne rencontra pas le même succès auprès des personnes plus âgées. Cette musique, dont les rythmes saccadés représentaient un “risque pour le cerveau”, était accusée d’avoir une influence maléfique, d’être une source de péché exposant les jeunes à un terrible relâchement de moralité. Une raison supplémentaire qui vaudra parfois à Montréal le surnom de “Sincity” (la ville du péché). En nouvelle capitale de la vie nocturne, Montréal témoigne également d’une industrie du disque florissante, de l’arrivée de la radio, mais aussi (et surtout) d’une ouverture d’esprit peu commune pour l’époque. La “ville de danse” s’impose comme un paradis noir, ou la ségrégation, malgré tout présente, est bien moins forte qu’aux États-Unis. Noirs et blancs peuvent se côtoyer dans les mêmes clubs, danser et performer ensemble. Les débuts du jazz se font entendre dans les big bands, groupe de 10 à 15 musiciens blancs qui offraient une version plus commerciale d’une musique pourtant issue des ensembles noirs américains de Duke Elligton ou Fletcher Henderson. Les artistes blancs se sont rapidement approprié la maîtrise, rendant le jazz accessible au grand public dans les bars chics de la rue Saint-Catherine Ouest, où l’on venait danser le swing. Bien qu’ayant fortement contribué à populariser ce genre musical, ces artistes étaient en marge de la communauté et peu d’entre eux ont réellement marqué la musique jazz. Les puristes raconteront le génie des joueurs des bars clandestins. Il fallait pour les entendre quitter le Red Light et s’approcher des quartiers noirs, au sud-ouest de la ville. Après avoir connu l’âge d’or de 1940 à 1950, le jazz connut un déclin sans appel dès la fin des années 1960. Âme des cabarets, cette musique qui faisait vibrer le Red Light connut la même déchéance que l’ensemble du quartier à cette époque. Dès 1954, les politiques d’assainissement des moeurs orchestrées par Jean Drapeau vidèrent les rues et les sous-sols de ses notes endiablées. L’arrivée du rock’n’roll, nouvelle coqueluche des jeunes, sur la scène musicale fut l’ultime coup dur pour le jazz montréalais. Ce n’est qu’en 1980, qu’il fut remis au goût du jour, lors de la première édition du Festival international de jazz.

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K COMME...KRACH BOURSIER

La grande dépression provoquée par le krach boursier de la Bourse de New York viendra fouetter de plein fouet la métropole montréalaise en octobre 1929. Résultat du terrible “mardi noir”, il s’agira de la pire crise économique connue dans l’occident moderne. La classe ouvrière en est la plus touchée et l’économie canadienne est affaiblie par une terrible hausse du chômage (15% en 1929 et jusqu’à près de 20% en 1931.). Des milliers d’ouvriers d’usine et des chantiers se verront perdre leur emploi et seront plongés dans une situation financière extrêmement précaire. En effet, de 1929 à 1933, le nombre d’employés de l’industrie de manufacture s'évanouit de 24%, les salaires quant à eux, baissent de 40%. Aucune aide sociale ni assurance chômage n’existe à l’époque, aussi les prolétaires sont réduits à une misère sans précédent. Le Red Light est désormais l’un des derniers refuges pour les plus démunis qui viendront tenter leur chance dans les salles de jeux, trouver une compagnie réconfortante ou simplement se changer les idées aux rythmes des chants populaires. Certains établissements tentaient même d’aider les pauvres gens à joindre les deux bouts, c’est le cas du Rockhead Paradise par exemple qui participait au soutien de la communauté noire en engageant autant d’employés possible.  Ce constat oblige le gouvernement à jouer un rôle plus actif à l’égard de l’économie, et l’assistance sociale verra le jour dès 1940.  Cette situation sera d’autant plus profitable au crime organisé, qui sévira de plus belle. La prohibition est toujours en marche aux États-Unis, et la contrebande ne semble aucunement pâtir de cette crise, bien au contraire, les ouvriers cherchent plus que jamais à noyer leur triste sort. Jusqu’en 1945, le taux de chômage restera proche de 12%, paradoxalement, c’est la Seconde Guerre mondiale qui relancera l’économie et offrira au pays des années industrielles plus glorieuses. 

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L COMME... LILI ST-CYR

Si la carrière de Lili St Cyr, célèbre effeuilleuse américaine, débute en Californie, c’est à Montréal qu’elle décollera entre les années 1944 et 1951. Belle et talentueuse, elle est la coqueluche des cabarets montréalais, dont elle symbolise les plaisirs interdits. Jeune femme sophistiquée, elle eut un rôle précurseur dans l'art du strip-tease. Lili sera la tête d’affiche du théâtre la Gayety.  Costumes de haute-couture extrêmement onéreux pour l’époque, lassitude séduisante, c’est surtout son insolence qui marquera les foules. À l’époque, les lois québécoises et américaines spécifiaient qu’il était interdit pour une danseuse de quitter la scène plus dévêtue qu’à leur arrivée. La sulfureuse Lili devint l’idole des foules lorsqu’elle entreprit un numéro commençant par un bain de bulles. La jeune femme se rhabillait progressivement tout au long de son apparition, contournant ainsi les obligations législatives. Lili était également connue pour ses nombreux amants, dont le plus célèbre était Al Palmeur, plume du Red Light. Reine du burlesque et de la ville, ses numéros d’effeuillage n’avaient rien à envier au striptease contemporain. Minutieusement travaillés, accompagnés d’accessoires improbables tels que de grands perroquets et autres bulles de savon, elle l’allégorie du burlesque érotique. Son règne fut interrompu lors des campagnes de moralité de 1950. Groupes religieux et opinion publique s'insurgeaient contre le caractère immoral et provocant de ses spectacles. Les chefs d’accusation retenus contre elle seront pourtant légers et Lili ne sera pas poursuivie, une victoire que célèbrera le journal Commerce Montréal en écrivant à son sujet : « With a sparkling light she executes the most fantastic dances of eternal theme…She gives a wake-up to adolescence, a stimulant to the young man, comfort to the middle-aged man, sweet memory to the old man…Lili is the goddess of love reincarnate. ». Les campagnes de moralité menées entre autres, par Pax Plante et Jean Drapeau auront raison des cabarets, le Gayety fermera ses portes en 1951 et Lili retournera performer en Californie.

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M COMME... MAFIA

Si l’immigration européenne et américaine jouent un rôle central dans l’instauration d’une vie culturelle sans précédent, il ne faut pas sous-estimer l’impact criminel qu’elle sous-entend. Les mafias s’infiltrent dans les rues du Red Light et viendront ternir la réputation de Montréal, en instaurant un climat de corruption et de crime organisé au sein de la ville. Dès 1924, le port de Montréal ouvre la brèche de la dépravation et permet l’établissement de nombreux établissements de nuit aussi célèbres que puissants. Ce succès vif et sans appel arrivera bien vite aux oreilles des criminels de grande envergure, qui verront dans la prohibition nord-américaine un contexte idéal pour la contrebande de toute nature. Si la mafia juive domine dans un premier temps le Red Light, Vic Cotroni, le parrain de la mafia montréalaise en prendra rapidement les reines. Directement issue de la Cosa Nostra italienne, la famille Cotroni s’installe à Montréal à la fin des années 1920. Vincenzo fera vite la connaissance d’Armand Coudeville, qui l'initie à la lutte professionnelle, sous le nom de “Vic Vicenzo”. En parallèle du sport, Armand dévoile à Vicenzo les rouages de la pègre montréalaise, et fera de lui son homme de main. Au début des années 1930, très respecté du milieu interlope, Vincent devient propriétaire du célèbre Faisan Doré qui deviendra le quartier général de ses activités illégales. Cabarat très populaire, il lui permet de côtoyer les gens de la haute, tout en jouissant d’une couverture idéale pour continuer à exercer le vice. En 1950, sa réputation ira jusqu’à interpeller la famille Bonanno, de la Casa Nostra new-yorkaise. Son représentant, Carmine Galante, le nommera capodecina (chef de faction) de leur groupe, Vic devient alors l’un des mafiosos les plus puissants de la ville. On dit de lui qu’”il touche à tout, mais ne laisse jamais d'empreinte”. Sa célèbre discrétion lui permettra de contrôler la ville sous couvert d’une corruption intempestive. Ce n’est qu’en 1960 que les autorités canadiennes prendront connaissance de la puissance de la mafia nord-américaine. Ils n’arrêteront cependant jamais Vic Cotroni qui meurt en 1984, en emportant avec lui de plus de 30 ans de pouvoir illégal.

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N COMME...NÉON

Le Montréal des années folles était un lieu hors du temps. La Révolution Industrielle permit l'électrification généralisée des villes, un nouvel espace de vie fit alors son apparition : la nuit. La rue Sainte-Catherine se révélait dès la tombée du jour en laissant ses enseignes électrifiées et autres néons provocateurs, briller de mille feux. 1920, c’est le début de l’industrie du divertissement. L’entre-deux-guerres souffle un vent de légèreté, la crise de 1929 n’est déjà plus qu’un mauvais souvenir, et au début des années 1940, Montréal est loin des champs de bataille. Un show-business tout droit venu de New York, que les artistes ont déserté faute de ne pouvoir étancher leur soif. Le coup d’envoi des festivités sera donné par Texas Guinan lors de l’ouverture du Cabaret Frolics en 1930 (et pour cause, to frolic en anglais signifie batifoler…). Néanmoins, que rendait Montréal si spéciale aux yeux des touristes du monde entier ? C’est d’abord une ville cosmopolite, subtile mélange de l'énergie new-yorkaise et du glamour parisien, qui lui vaudra le surnom de “Petit Paris d’Amérique du Nord”. Ensuite, sa tolérance. Consommation d’alcool, ségrégation noire et homosexuelle, couvre-feu… ces contraintes, bien que présentes, étaient plus flexibles dans cette “ville ouverte” ou s’entrechoquent les cultures.  « Officiellement, le couvre-feu à Montréal débute à deux heures du matin… Mais n’y prêtez pas trop attention », explique Al Palmer dans son œuvre Montreal Confidential (1950). Les speakeasys que l’on surnomme “blind pigs” se multiplient. New York, la ville qui ne dort jamais, transmettra son mode de vie à ses cousins montréalais. Les plaisirs illicites sont accessibles “around the clock” et dans ce contexte d’entre-deux guerres, peu de gens se soucient des foules qui rentrent chez eux aux petites heures. La musique fait tomber les barrières de classes, de races et de langues, c’est elle qui galvanise l’industrie du spectacle. Elle avait une réelle emprise sur les foules et était jouée en direct par des bands. Des centaines de boîtes fleurissaient dans la ville, présentant des revues issues de tous les styles. Sous la plume d’Al Palmer, journaliste, Montréal prend vite des allures de Las Vegas… Le monde de la nuit repose néanmoins sur l’empire du jeu et de la contrebande qui le financent en partie. Cette euphorie durera près de 40 ans, de 1920 à 1960, mais connaîtra un brutal déclin dès l’arrivée de Jean Drapeau à la tête de la ville. À cela s’ajoute l’arrivée de la télévision, du Rock’n’roll et des boîtes de streap tease, qui offriront de nouvelles sources de distraction auprès des foules. L’énergie particulière aujourd’hui dénuée de vice dangereux est toujours palpable dans les rues de Montréal. Dès le retour de l’été la ville s’embrase, et le quartier des spectacles continue de faire vivre les traditions culturelles de la ville dans un style moins… sauvage.

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“La ville nous transmettait (mes amis et moi) un virus incurable d'admiration pour elle. Nous aimions la ville plus que beaucoup de Montréalais, nous comprenions tous que Montréal était un joyau qui n'avait pas son pareil ailleurs dans le monde."

Lili St-Cyr (1982, Éditions Quebecor)

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O COMME...OPIUM

L’entre-deux-guerres est un climat propice à l’établissement d’un empire de la drogue à Montréal. Les années folles encouragent la perdition et les anciens combattants de la Première Guerre mondiale reviennent en ville avec de lourdes dépendances. L’opium est la première drogue à faire parler d’elle. Vers 1910, on estime que 95% des stocks d’opium introduits au Canada rejoignent finalement Montréal. À l’époque, les produits dérivés de cette drogue, tels que la morphine ou la cocaïne, sont en vente libre en pharmacie, il n’existe pas encore de loi qui interdise sa consommation. L’opium est historiquement lié à la culture chinoise, qui l’importe à Vancouver. Au début du XIXe siècle, de nombreuses usines d’opium s’établissent en Colombie-Britannique, la vente d’opiacés devient alors très populaire à Toronto et Montréal. Cette banalisation de consommation de stupéfiants fera rugir les associations progressistes. Une prise de conscience collective aura lieu en janvier 1923, alors que le Docteur Alfred Haywood, surintendant du Montreal General Hospital et membre fondateur du Comité des 16 donne une conférence sur les dangers de la drogue. Au cours des douze mois précédents, 128 personnes avaient été admises inconscientes aux urgences de Montréal, pour cause d’intoxication aiguë. On comptait entre 12 et 15 000 usagers de drogue chez les 16 à 25 ans. Haywood est unanime : la cause de ce facteur de dégradation sociale est indissociable de l’activité du Red Light dont il demande la suppression définitive. Il partage la faute entre les douaniers et policiers corrompus, les marins et les prostituées, distributrices et consommatrices de drogues récréatives en tout genre. Bien qu’une loi contre l’opium et les drogues narcotiques sera mise en place dès 1921 par le parlement fédéral, il s’agit d’un fléau difficile à stopper. En effet, son importation est facile, et les moyens de contrebande sont nombreux et ingénieux, à l’instar des dealers d’envergure qui naîtront de cet immense réseau.

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P COMME...PLUME

S’il est aujourd’hui possible de relater la vie de Montréal au temps des années folles, c’est surement grâce à la plume de génie d’Alain Douglas Palmer, mieux connu sous le nom d’Al Palmer. Ce Montréalais d’origine était journaliste pour le Montreal Herald, dans lequel il écrira de longues années Man About Town, une chronique sur la vie du Red Light. Ces textes le rendront célèbre et respecté de la scène montréalaise, qu’il couvre et décrit dans Cabaret Circuit, une deuxième chronique de légende. Amoureux fou des nuits sulfureuses du Montréal brillant, il en devient rapidement la vedette et référence absolue. Sa liaison avec l’icône de l’époque, Lili St-Cyr, alimente l’aura du personnage.
C’est également un précurseur dans le domaine du journalisme. De ces chroniques populaires, il tirera un livre: Montreal Confidential, petit ouvrage relatant des caractéristiques uniques de la ville, publié pour la première fois en 1950. Ce livre est toujours disponible aujourd’hui en librairies et bibliothèques. Il exhume du passé les rues disparues du Red Light, bien qu’aujourd’hui rebaptisées et en partie rasées. À travers ses lignes, les danseuses de cabaret reprennent vie, et on entend au loin résonner les music-halls de la rue Sainte-Catherine, affectueusement renommée “St Kit’s” par les anglophones d’époque. Montreal Confidential est en fait le Lonely Planet des temps oubliés, dans lequel Palmer nous explique en détail où emmener votre rencard, les sorties à ne pas manquer en fonction de vos budgets, et où vous installer si vous venez d’arriver en ville.

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“It’s a helluva town to visit, a helluva town to live in, and a helluva town to come back to. We love every grimy square foot of it”

Al Palmer (1950, Vehicule presse)

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Q COMME...QUARTIER DES SPECTACLES

            Les années 1950 marquent le début de la fin pour l’activité bourdonnante du Red Light, alors que l'élection de Jean Drapeau souffle un vent de modernité sans précédent. De cette ville au caractère particulier, on purgera les aspects criminels et insalubres, et on sublimera l’énergie culturelle qui la rend si spéciale. C’est dans cette dynamique que naîtra le Quartier des spectacles, cher aux yeux des Montréalais. Il s’agit d’un quartier intégralement dédié à la culture, qui donnait suite à l’impulsion industrielle des grands projets de 1970. Au centre, la place des arts construite en 1960 perpétue la tradition du regroupement urbain. La même année, les trois premières stations de métro voient le jour à Montréal, la propulsant ainsi au rang de ville moderne. Vingt ans plus tard, c’est le jazz qui sera mis à l’honneur avec l’inauguration du Festival International de Jazz dont la renommée est aujourd’hui mondiale. S’en suit une véritable prolifération culturelle, dont le Musée d’art contemporain (le MAC), la Société des arts technologiques (la SAT) ou la rénovation du théâtre du Nouveau Monde. La construction de chacun de ces édifices d’envergure jettera les bases du quartier tel qu’on le connaît aujourd’hui. C’est véritablement en 2007, lors du premier rendez-vous de Montréal métropole culturelle, qu’un plan d’action sur dix ans établira les projets de la ville dont fait partie le Quartier des Spectacles. C’est l’histoire du Red light qui vit à travers ces différents édifices, mais aussi le rapport controversé qu’ont encore aujourd’hui les Montréalais face à cette époque. Forme de patrimoine culturel immatériel, ces années fascinent les Québécois depuis bien longtemps. Une histoire fortement romancée qui passe (volontairement ?) sous silence les aspects sombres à l’origine de son déclin.

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R COMME... ROUGE

Dans ce contexte d’entre-deux guerre, les soldats de passage à Montréal profitent de leurs instants de liberté pour s'adonner à toutes formes de plaisirs. La ville est connue pour son quartier rouge, où trouver une agréable compagnie pour la nuit est chose aisée. Ce haut lieu de la prostitution doit son nom à la couleur rouge des lanternes qui brillaient aux portes des maisons closes. Selon l’Oxford English Dictionary, il s’agit d’un terme emprunté aux États-Unis, où fleurissaient d’innombrables quartiers de prostitution au XIXème siècle.  L’expression « Red Light Distrcit » est apparue dans un article du Sandusky Register (1894) un journal de Sandusky, Ohio. Les quartiers des prostitués étaient également connus sous le nom de Tenderloin, de l’anglais “chair fraîche”. Entre 1930 et 1940, le nombre de maisons closes est tel qu’il en dépassait même la demande. Dans le Red Light, les artères brûlantes de la ville abritent jusqu’à 78% des bordels de Montréal. On y trouve des maisons closes d’entrée de gamme, où viennent se divertir les poivrots du quartier. Elles fonctionnent de jour comme de nuit, 364 jours par an, “sauf le Vendredi saint” précisera une tenancière de bordel, lors de sa comparaison pour l’affaire Caron. Les autres 13% se trouvent dans le centre-ville, où les maisons closes de luxe reçoivent la haute société. Les années 1932 à 1944 seront les plus fructueuses pour le proxénétisme montréalais, ce qui coïncide étrangement avec le règne de Fernand Dufresne, personnage hautement corrompu. Tout ce manège se verra stoppé net en février 1944. À l’époque, une prostituée sur 4 était contaminée par une maladie vénérienne. Effrayée à l’idée de créer une terrible épidémie au retour des soldats dans leur famille, l’armée exige la fermeture des bordels. Auquel cas, Montréal deviendrait “zone interdite” aux militaires. Se relevant à peine de la crise économique de 1929, Montréal craint les conséquences qu’une telle décision engendrerait. On nomme alors Pacifique Plante à la tête de l’escouade des mœurs, pour reprendre le contrôle de cette pègre ingérable et les bordels sont fermés. Même si l’activité des prostitués baissera de manière significative à partir de cette date, les bordels reprendront à la fin de la guerre en 1945, le plus vieux métier du monde a la dent dure…

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S COMME...SCÈNE

Au cœur du Red Light, la fête bat son plein. Les théâtres envahissent la ville et la musique règne en maître. Les cabarets abritent alors des spectacles de styles variés. Représentations musicales, dansantes, théâtrales, c’est un véritable festival culturel qui voit le jour au début des années 1920. Aux origines des arts de la scène on retrouve le petit peuple, qui lors de la grande industrialisation du XXe siècle passe d’un mode de vie rural à urbain. Le développement des nouvelles technologies d’époque ouvre la voie aux divertissements culturels. Cela rendra célèbres de nouvelles formes de distraction comme le burlesque et le vaudeville. Le burlesque est la forme la plus ancienne, elle existait déjà au XIXe siècle et s’adressait aux basses classes sociales. Cette forme de spectacle grotesque et parfaitement irrationnel bafouait les conventions sociales qu’elle tournait en ridicule. À valeur d'exutoire, le burlesque offrait aux pauvres gens une compensation humoristique de leur triste quotidien. Le burlesque traduisait à l’époque le point culminant du spectacle, mais très vite, ce terme se confondra à celui de variété. Le burlesque désigne l’absurde qui amuse, mais est teinté d’une note érotique. Inspiré des cabarets parisiens d’époque comme le Moulin Rouge ou les Folies Bergères, il désigne également les effeuilleuses et les danseuses des années folles. Ces spectacles de femmes qui mettent en scène l’art du déshabillage, dont Lili St-Cyr était reine. La voix du peuple se traduit aussi en chanson, la musique folk que l’on retrouve dans les chants populaires, se fera également une place sur le devant de la scène, dont la Bolduc sera l’égérie. Pour des raisons purement marketing, le vaudeville se développera en parallèle au burlesque. Il n’est rien d’autre qu’un burlesque moralement épuré, ayant comme but celui d’attirer femmes et enfants. Issue du peuple et pour un public populaire, la culture montréalaise prendra racine dans les rues du Red Light, un art urbain que l’on retrouve toujours aujourd’hui, notamment dans le Quartiers des Spectacles.

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T COMME...THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE

Fondé en 1951 par un groupe de 6 visionnaires (dont Jean Gascon et Jean-Louis Roux), le Théâtre du Nouveau Monde viendra élargir le spectre de la culture montréalaise dès la seconde partie du XXe siècle. La fin de la Seconde Guerre mondiale offre à Montréal une modernité certaine. L’ouverture de la ville au reste du monde ainsi que son statut touristique profitent à la création de symboles culturels dont le TNM fait partie. S’il occupe aujourd’hui les locaux de la rue Sainte-Catherine, qui habitait à l’époque le Théâtre Gayety, le Théâtre a originellement ouvert ses portes au Gésu, où il restera jusqu’en 1958. Il déménage ensuite à l’Orpheum puis à la salle Port-Royal de la Place des Arts. Les fondateurs du TNM voyaient en lui les prémisses d’une grande compagnie, produisant et diffusant les œuvres essentielles du répertoire classique et contemporain. Le 9 octobre 1951, la première production du Théâtre n’est autre que l’Avare de Molière. Une pièce mise en scène par Jean Gascon, dans laquelle il jouera le rôle d’Harpagon. La qualité et l’audace de cette première permirent bien vite au TNM de s’imposer en tant que grand théâtre canadien-français. Ce projet cherchait réellement à s’inscrire dans l’éveil culturel d’un Québec qui s'affranchissait timidement du joug religieux. Il symbolise à l’époque le vent de changement que caractérise une activité culturelle plus saine, un signe précurseur de la Révolution Tranquille à venir. Cette institution culturelle est, en effet, l’une des rares qui ne représente pas une menace pour les mœurs de l’opinion publique. Ce n’est pas un hasard s’il a survécu au grand ménage de Jean Drapeau….

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U COMME...URBANISME

Au cours des années 1950, les mouvements populaires pour le rétablissement d’un ordre moral se font de plus en plus entendre des autorités municipales. Un nouveau regroupement populaire, le Comité des 55 (dont le porte-parole est Paul Dozois, futur ministre au provincial) réclame une solution aux problèmes causés par les slums. “Slums” que l’on pourrait traduire par “taudis”, est un terme anglais utilisé pour désigner les bâtiments construits au début du XIXe siècle. Ils étaient vétustes, inadaptés et insalubres. Si la grande majorité des habitations du Red Light pouvait être définie comme telles, le rapport Dozois affirme que 13 zones au total, sont concernées par ce problème. Le quadrilatère Sanguinet, Saint-Dominique, Ontario et De Boisbriand sera finalement choisis comme zone à reconstruire. Les taudis sont associés à une forme de vie sociale pathologique qui entraîne une défectuosité aussi bien matérielle que sociale. Ce secteur est l’une des artères les plus connues de la prostitution montréalaise. Aussi, l’idée sous-entendue du Rapport Dozois est de rénover cet espace, pour ainsi contribuer au ‘nettoyage’ de la ville. Éradiquer le vice et le crime qui entravent la réputation de Montréal semble être la seule solution pour assainir les mœurs urbaines.  De plus, pour suivre le pas des grandes villes nord-américaines, Montréal doit elle aussi mettre en place un projet de logement social, à l’instar du Regent Park de Toronto. Le maire de la ville, Jean Drapeau, bien que favorable à l’idée de réhabilitation du quartier, est plutôt attaché à la construction de logements subventionnés en périphérie de la ville et s’oppose au plan Dozois (y voyait-il une possibilité d’éloigner pour de bon le risque d’une nouveau Red Light ?). Ce n’est qu’en 1957, lorsqu’il est délogé de son poste, que le projet avancera. Ainsi, la construction des Habitations Jeanne Mance, connue à l’époque sous le nom “le Plan”, commencera dès 1958 et effacera en grande partie le Red Light de la carte montréalaise.

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V COMME...VIEUX PORT

Qu’il s’agisse d’Amsterdam, Londres ou New York, ces villes portuaires ont toutes vu l’émergence d’un quartier associé essentiel à leur activité économique, mais aussi interlope. À la fin du XIXe siècle, le port de Montréal ne fait pas exception. Dès 1896, le Red Light district, qui s’étend à l’époque du Vieux Port jusqu’à la rue Sherbrooke existe déjà depuis plus d’un demi-siècle ! C’est le début du XXe siècle qui marquera son expansion économique, touristique et culturel, au même titre que l’ensemble de la ville. En effet, alors que l’Ouest canadien développe fortement sa production de blé, le port de Montréal en deviendra l’exportateur et le début des années 1920 recense un pic d’activité pour la ville. En effet, la Révolution Industrielle engendre une véritable course au progrès, et de tous les ports du continent, celui de Montréal passe en tête du marché d’exportation de céréales. La ville s’élève alors au rang de grande métropole mondiale, un centre névralgique des transports maritimes, mais aussi ferroviaires du pays (ce qui engendrera une forte immigration afro-américaine aux abords du canal Lachine.) La production manufacturière double de 44% entre 1900 et 1910. À cela s’ajoute une explosion démographique historique : en 20 ans, de 1981 à 1911, la population se verra doubler, cela sans compter les fortes vagues d’immigration venues de Russie, d’Italie, de Pologne et de Chine. À cette époque, le niveau de vie ne cesse d‘augmenter et la classe moyenne fait une apparition remarquée, avant de subir le krach boursier de New York, 10 ans plus tard. C’est aussi le caractère portuaire de la ville qui engendre un fort taux de criminalité à l’instar de La Nouvelle-Orléans en Amérique.

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W COMME...WILLIE (BILLY) ECKSTEIN

Aux nombreux artistes qui feront la renommée internationale du jazz montréalais, Willie Eckstein ne fait pas exception. Pianiste et compositeur brillant du début du XXe siècle, il a marqué la scène musicale d’époque. Pionnier du Jazz, il exerce dans le style ragtime et le piano fantaisie, on le surnomme Mr Fingers. Il fait carrière en tant que musicien accompagnateur de films muets, au Lyric Hall tout d’abord, puis au Strand Theatre. C’est lui qui joue la bande originale des films La Naissance d’une Nation, Intolérance ainsi que quelques films de Charlie Chaplin. Il a également joué dans de nombreux groupes, dont l’un des premiers orchestres de Jazz à Montréal, le Eckstein’s Jazz Orchestra, dirigé par son frère Jack Eckstein. Il accompagnera de nombreux artistes tels que Harry Thomas ou Robert Langlois. Sa chanson “Montréal, Montréal, Montréal” illustre affectueusement l’ambiance qui régnait dans les rues de la ville à cette époque bénite. Pourtant, au même titre que nombreux jazzman blanc de l’époque, son nom semble presque oublié aujourd’hui.

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X COMME...XÉNOPHOBIE

L’inauguration du canal de Lachine en 1825 élève Montréal au rang de grande zone industrielle, et permet aux sociétés ferroviaires d’y établir leur siège social. La fin du XIXe siècle est marquée par des politiques de recrutement de porteurs que l’on dédiait aux populations noires. Une partie de la zone du canal allait devenir la Petite Bourgogne, quartier du district Saint-Antoine, où les loyers peu couteux permettront aux Afro-Américains d’y élire domicile. La culture noire donnera à ce quartier populaire une âme particulière, bercée d’une musique venue de La Nouvelle-Orléans : le jazz. C’est au croisement des rues de la Montagne et Saint-Antoine que naitra « The Corner ». Là-bas, le Café-Saint Michel animé par Louis Metcalf et l'International Band sera le premier endroit du Canada à jouer du bebop. Le Rockhead’s Paradise, tenu par Rufus Rockhead, sera lui aussi l’un des points centraux du jazz montréalais. Pourtant, même si Montréal présentait une tolérance particulière comparée à la ségrégation américaine, les musiciens noirs étaient souvent persona non grata dans les clubs du centre-ville. Quelques bars noirs existaient dans le Red Light, près des rues Sainte-Catherine et de la Main, mais l’essentiel du “spectacle noir” avait lieu au sud-ouest de la ville. La scène publique n’était pas prête à concevoir qu’un Blanc puisse jouer avec un Noir, de tels scénarios n’avaient lieu qu’en dehors des heures d’ouverture. C’est en partie ce qui fit la célébrité d’Oscar Peterson, ce pianiste noir de génie qui exerçait son art au sein du Johny Holmes Orchestra, uniquement composé à l’époque de musiciens blancs. À défaut de ne pouvoir s'exercer librement dans le Red Light, la Petite Bourgogne, renommée “Harlem du Nord” offrait à un public multiracial ce que l’on appelait le « vrai jazz », destiné aux véritables amateurs de musique. Il n’était pas rare de voir un public blanc s’encanailler dans les caves du Corner, public qui représentait d’ailleurs le fonds de commerce de ces endroits mythiques.

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“Le jazz bouillonnait plus fort dans les boites où l’on présentait des spectacles noirs”

John Gilmore (2009, Lux éditeur)

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Y COMME...YIDDISH CONNECTION

Yiddish connexion est le nom donné à la mafia juive au début du XXe siècle. Issue de l'immigration européenne, elle aussi connue sous le nom de Kosher Nostra et sera le cerveau du crime organisé du Red Light jusqu’aux années 1950. Il s’agit davantage d’une association informelle de gangsters d’origine commune que d’une réelle association religieuse. Elle diffère de la mafia italienne puisqu’elle n’est en rien organisée de manière centrale et hiérarchique. Parmi elle, les histoires confondues d’Harry Davis et Harry Shimp sont les plus célèbres. Harry Davis régnait en maître sur l’empire de la drogue et du jeu illégal. Qui souhaitait ouvrir une nouvelle maison de jeux dans le Red Light District était prié de demander le droit à Harry Davis et de lui verser 20% de ses profits. Bien que connu des services de police, Davis deviendra propriétaire de l’un des cabarets les plus courus de l’époque : le cabaret Frolics. Déjà célèbre de son vivant, c’est surtout sa mort qui inscrit son nom dans l’histoire du crime montréalais. Il est abattu en juillet 1946 dans sa propre maison. Le tueur en question est l’un de ses rivaux, Louis Bercowitz, qui s’était vu refuser l’ouverture d’un établissement de jeux. Sa mort fit trembler l’opinion publique. Le meurtre de Harry Davis s’imposa comme une preuve réelle des dangers du crime organisé. Cet événement conduira les masses populaires à faire davantage de pression en faveur de la moralité. Le décès d’Harry Davis propulsa Harry Ship à la tête de l’industrie du jeu. Connues à l’époque pour ses “White houses” qui s’étaient propagées partout au Québec, ces maisons de jeux illégales imitaient les casinos officiels. Mais c’est surtout sa boîte de nuit mythique qui le plaçait parmi les rois de la pègre. “Chez Parée” accueillait des étoiles de l’époque telles que Frank Sinatra ou Dean Martin. Son règne fut brutalement interrompu en 1948, après avoir été arrêté par Pax Plante. La mauvaise gestion d’Harry Ship permettra par la suite à la Cosa Nostra et à Vic Cotroni, de récupérer les reines du monde interlope, faisant de Montréal une plaque tournante de l’héroïne.

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Z COMME...ZEPPELIN

Ce qu’on appelait à l’époque un “zeppelin” était un grand dirigeable rigide à carcasse métallique. D’origine allemande, sa construction fut dirigée par Ferdinand von Zeppelin à la fin du XIXe siècle. Au Québec, ce sont les R-100 et R-101, construits par le gouvernement britannique, qui firent beaucoup parler d’eux dans les années 1920. Ces nouveaux modes de transports touristiques venaient concurrencer les luxueux paquebots de l’époque, et visaient à transporter ses voyageurs dans tous les colonies et dominions britanniques. Le premier vol transatlantique du R-100 eu lieu en juillet 1930, d’Angleterre (Cardington) au Québec (Saint-Hubert, dans la banlieue de Montréal), mais suite à d’innombrables soucis techniques, ce monstre métallique mis près de 79 heures de vol pour effectuer 6 000 km de voyage. Des milliers de personnes s’étaient alors retrouvées pour admirer l’arrivée du géant aérien. On dit que seule l’Expo 67, presque 40 ans plus tard, ne réussit à rassembler une telle foule. Pourtant, le crash du R-101 sur les collines de Picardie en France, et la situation économique catastrophique de 1930, obligèrent le gouvernement à sacrifier le R-100, après un seul voyage transatlantique. Alors que le monde entier était secoué par le krach boursier de 1929, l’échec cuisant que représentait le R-100 fut à l’origine de nombreuses moqueries chez les Montréalais. La Bolduc était considérée comme la première chansonnière québécoise, elle était très populaire à Montréal dans les années 1920 à 1930. Elle commença sa carrière au Monument national (à l’angle Saint-Laurent, Sainte-Catherine) où ses chansons populaires remontaient le moral des jeunes gens opprimés par la grande dépression. La Bolduc savait aborder avec beaucoup d’humour les sujets de société. Refrains “turlutés” et interludes musicaux à l’harmonica étaient sa signature. Le gouffre financier que représentait à l’époque le R-100 fut une occasion supplémentaire de tourner le gouvernement en ridicule. “Toujours l’R-100”, dont les tirades d’argot témoignent de la dimension populaire de l’œuvre, fut l’un des grands succès de la Bolduc. Encore connue des Montréalais aujourd’hui, elle est sûrement l’un des plus beaux exemples du genre.

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BIBLIOGRAPHIE

Articles :


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Livres :


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Gilmore, J. (2009), Une Histoire du Jazz à Montréal. Lux Editeurs.

Palmer, A. (1950), Montreal Confidential. Véhicule Press

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Sites internet :

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Au Faisan Doré. (s. d.). Dans Wikipédia, l'encyclopédie libre.(https://fr.wikipedia.org/wiki/Au_Faisan_Dor%C3%A9)


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Site internet du musée du Montréal Juif. http://mimj.ca/location/2086


Site internet du Théâtre du Nouveau Monde.https://www.tnm.qc.ca/tout-sur-le-tnm/toute-une-histoire/


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Zeppelin (s. d.). Dans Wikipédia, l'encyclopédie libre.https://fr.wikipedia.org/wiki/Zeppelin

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CRÉDIT PHOTOS

Sulfureuse Montréal:

Infographie Lili St-Cyr

https://www.delitfrancais.com/2017/03/21/mysterieusement-votre/


Introduction:

Rue Sainte-Catherine.

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=9077,102003611&_dad=portal&_schema=PORTAL


Alcool:

Commission des Alcools, 1944.

https://en.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_des_alcools_du_Qu%C3%A9bec#/media/File:Feature._Everybody_Lines_Up_BAnQ_P48S1P10508.jpg


Boulevard Saint-Laurent:

Le dossier illustre l'angle nord-est du boulevard Saint-Laurent et de la rue Dorchester (maintenant boulevard René-Lévesque) et le Cabaret Roxy. Fonds de La Presse, BAnQ Vieux-Montréal, Red Light de Montréal .1948. Cote : P833,S3,D0833

http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=201803051522352715&p_centre=06M&p_classe=P&p_fonds=833&p_numunide=1042764


Drapeau:

Jean Drapeau. Fonds de La Presse, BAnQ Vieux-Montréal, Jean Drapeau (1954-1992). Cote : P833,S2,D1672

http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=2018030821471826307&p_centre=06M&p_classe=P&p_fonds=833&p_numunide=1053575


Escouade des moeurs:

Jean Drapeau et Pacifique Plante. Fonds de La Presse, BAnQ Vieux-Montréal, Jean Drapeau (1954-1992). Cote : P833,S2,D1672

http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=2018030821471826307&p_centre=06M&p_classe=P&p_fonds=833&p_numunide=1053575


Guinan:

Illustration Texas Guinan.

https://www.pinterest.fr/pin/560627853607342446/


Habillement:

http://www.sparkletack.com/wp-content/uploads/2009/05/flapper.jpg

https://www.pinterest.fr/pin/489414684481947511/

https://www.pinterest.fr/pin/309341068139236873/


Ida Katz:

Ida Katz

https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/8905192218


Jazz:

https://potd.pdnonline.com/2016/11/42486/#gallery-10


Lili St-Cyr citation:

Lili St-Cyr

https://nypost.com/2015/09/27/burlesque-queen-lili-st-cyr-was-the-kim-kardashian-of-her-day/


Mafia:

Vic Cotroni. Fonds de La Presse, BAnQ Vieux-Montréal,Vincent "Vic" Cotroni . - 1966-1976. Cote : P833,S2,D1230

http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=2018030822172326392&p_centre=06M&p_classe=P&p_fonds=833&p_numunide=1053133


Néon:

Rue Sainte-Catherine.

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=9077,102003611&_dad=portal&_schema=PORTAL


Plume:

Al Palmer. http://mtltimes.ca/Montreal/social-life/reviews-restaurants-movies-businesses/sugar-puss-dorchester-street-al-palmer/


Quartier des spectacles:

http://gomontrealtourism.com/quartier-des-spectacles/


Rouge:

http://www.theoriedesigngraphique.org/


Scène:

Loew’s palace theatre

http://www.taylornoakes.com/2011/11/22/montreals-lost-attractions-keep-this-in-mind-for-the-375th/loewstheatre/


Urbanisme:

Enfants dans les taudis du quartier du Red Light.

Fonds de La Presse, BAnQ Vieux-Montréal, Paul Dozois (1954-1984).

Cote : P833,S2,D1669

http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=2018030821471826307&p_centre=06M&p_classe=P&p_fonds=833&p_numunide=1053572


Willie Eckstein:

Partition de Montréal, Montréal, Montréal.

http://www.musee-mccord.qc.ca/en/collections/textual-archives/willie-eckstein/


Xénophobie: Oscar Peterson

http://radio.humber.ca/updates/profile-oscar-peterson.html


Citation Gilmore: Mile Davis

http://a-rebel-without-applause.tumblr.com/post/44259648167/jazzrelatedstuff-miles


Yiddish Connection:

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=9077,102003611&_dad=portal&_schema=PORTAL

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